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03-1 Situation dans l’édifice

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CE.48 (…) L’autel de l’église cathédrale sera fixé au mieux et consacré, distant du mur, afin d’en faire facilement le tour et de rendre possible la célébration face au peuple.

RLDE II-3 : Des dispostions architecturales ou mobilières, des objets de culte ou de piété, des éléments décoratifs qui nous semblent démodés, peu accordés à l’esprit de la réforme liturgique, peuvent avoir, sans que nous le sachions, une véritable valeur artistique, être des éléments précieux du patrimoine religieux national. Leur destruction, leur aliénation, leur transformation inconsidérées et indues peuvent constituer de véritables actes de vandalisme, contre lesquels l’autorité publique et l’opinion des milieux artistiques s’élèvent à bon droit. Il serait regrettable que de pareilles fautes individuelles soient attribuées à l’influence de la réforme liturgique et servent à la déconsidérer.

IGMR 299. Il convient, partout où c’est possible, que l’autel majeur soit élevé à une distance du mur qui permette d’en faire aisément le tour et d’y célébrer en se tournant vers le peuple. On lui donnera l’emplacement qui en fera le centre où convergera spontanément l’attention de toute l’assemblée des fidèles. Habituellement, il sera fixe et dédicacé.

Note du webmaster : dire que l’autel est le « centre » ne s’entend certainement pas au sens géométrique du terme, mais bien au sens théologique et spirituel. Il s’agit de faire en sorte que l’autel soit mis en valeur de manière à ce qu’il soit le centre de notre intérêt et de la célébration, et c’est sans nul doute un abus que d’en avoir fait parfois le centre d’un plan architectural. C’est donc bien que l’autel doit être disposé dans un choeur, et non pas dans la nef ou encore dans la croisée du transept.
Dans une église construite après Vatican II, il n’y a aucune ambiguïté : le maître-autel est celui qui a la première place au plan architectural, mais aussi sur le plan liturgique.
Dans les églises construites avant Vatican II, le problème est tout autre. L’autel qui a la première place architecturale n’est pas celui qui a la première place liturgique. Cette situation a conduit à trois types différents de solution :
1 – On a détruit le maître-autel ancien. Dans ce cas le nouvel autel, face au peuple, est le seul maître-autel, et il doit être fixe, donc sa table doit être de pierre (IGMR 301). Or bien souvent un tel maître-autel est fait de bois et reste mobile, ce qui ne convient pas.
2 – On a ajouté un autel « face au peuple » mobile. Dans ce cas, le seul maître-autel demeure l’ancien.
3 – Conformément à CE. 48 on a ajouté un autel « face au peuple » fixe. Dans ce cas, le maître-autel est liturgiquement le nouvel autel.

CE. 48. [b] Cependant, quand l’autel est situé à une ancienne place, et qu’il rende la participation du peuple difficile et que le transfert soit impossible sans détériorer sa valeur artistique, un autre autel fixe sera bâti, réalisé selon l’art et consacré selon le rituel ; on pourra ainsi célébrer la célébration sacrée sur celui-là.

CE. 48. L’autel est orné et bâti selon les normes du droit. On sera particulièrement attentif à ce que le lieu qu’il occupe soit réellement central, lieu vers lequel les fidèles rassemblés portent toute leur attention.

Note du webmaster : RLDE I A 2 b) précise que l’espace derrière l’autel ne doit pas être un lieu vide, car là aussi est le sanctuaire. D’autre part, il convient de faire remarquer que l’autel paraît d’autant plus isolé que le choeur est dénudé et que les servants de messe se raréfient. C’est là un aspect du problème qui est trop souvent occulté.

Problème posé par les autels placés à la croisée du transept

RLDE. I A 2 b). (…) Il ne conviendrait pas de placer l’autel à la croisée du transept, en avant d’un sanctuaire profond qui demeurerait vide. Mais il ne s’agit pas non plus de placer des fidèles (adultes ou enfants) à l’ancienne place de l’autel. Ce serait oublier d’abord que le sanctuaire est réservé, durant la célébration, au clergé et aux laïcs qui remplissent des fonctions liturgiques. En outre, la dissociation de l’assemblée en deux groupes occupant des espaces opposés présente de très grandes difficultés pour la proclamation de la Parole de Dieu et la prédication, et elle rend impossible la célébration de l’Eucharistie face au peuple. (…)

Note du webmaster : le souci exprimé par CE 48 n’est pas nouveau, et fut déjà exprimé par des textes antérieurs. Mais y répondre par le placement de l’autel dans la croisée du transept peut poser des problèmes ; soit une part de l’assemblée se trouve derrière l’autel, et assiste alors à des lectures dos au peuple (!), soit il n’y a personne et le sanctuaire devient un lieu vide.

Nécessité d’une séparation entre le chœur et la nef

RLDE. I E. Si l’on rapproche l’autel majeur de la nef, il convient qu’il soit entouré par un sanctuaire «assez vaste pour permettre d’accomplir commodément les rites sacrés» (Instruction [Inter œcumenici] n° 91) et aussi pour manifester le caractère sacré de l’autel.
La séparation entre la nef et le sanctuaire peut être marquée en outre de diverses façons, par exemple, par des degrés, ou encore une légère clôture. La balustrade (ou cancel), sans être absolument nécessaire, demeure traditionnelle. Là où elle existe, et surtout si elle est ancienne ou de qualité, on ne s’empressera pas de la supprimer. Elle est souvent utile comme appui pour permettre aux personnes âgées ou infirmes de s’agenouiller et de se relever plus commodément.
(…)

Note du webmaster : ceci invalide très clairement cette idée persistante que l’autel devrait idéalement être au milieu de la nef avec les fidèles tout autour. Cette disposition se justifierai par la convivialité qui convient à un repas où, en étant en cercle, « tout le monde se voit », anthropocentrisme d’une ennuyeuse banalité, qui ne tient compte que de la descente du Christ parmi les hommes, et omet sa nature divine et le fait qu’il ne descend pas pour rester en bas, mais plutôt pour nous attirer vers le haut à sa propre divinité. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (St-Irénée). L’autel n’est donc pas une simple table pour un repas en famille où l’on se dévisage pendant qu’on mange, mais la table du sacrifice qui transcende l’homme pour le hausser à la quasi-divinité, le symbole du Christ offert en victime pour notre salut qui se trouve « en haut » du chemin parcouru par l’Eglise en marche vers le Père, et non parvenue au milieu d’une banale salle-à-manger qui n’est, en aucun cas, un but en soi.