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09-06 La préparation pénitentielle

  • CLP 

CE. 133. Le dimanche, à la place habituelle de l’acte pénitentiel, il sera très louable de faire une bénédiction et une aspertion d’eau.

Après la salutation, l’Evêque, debout à la cathèdre, tourné vers le peuple et ayant devant lui le bénititer avec de l’eau à bénir tenu par un ministre, invite le peuple à la prière après une brêve pause silencieuse, dit l’oraison de bénédiction. Là où la tradition populaire conseille d’utiliser du sel mélangé à l’eau bénite, l’Evêque bénit alors le sel, puis le plonge dans l’eau.

Note du webmaster : l’Eglise n’a jamais demandé la disparition du sel dans le rite de bénédiction de l’eau, en tout cas pas en Europe.

Prenant ensuite le goupillon au diacre, l’Evêque s’asperge et asperge les concélébrants, les ministres, le clergé et le peuple, traversant l’église selon l’opportunité, les diacres l’accompagnant.

Note du webmaster : on note ici une hiérarchisation de l’ordre de l’aspersion, depuis l’Evêque jusqu’à l’assemblée. Il y un parallèle à établir avec l’encensement, qui connaît une hiérarchisation identique.

Pendant ce temps on chant un chant qui accompagne l’apsersion.

(…)

Note du webmaster : il est donc clair qu’une aspersion sans chant est peu liturgique. Beaucoup objecteront avec raison que le choix des chants est extrêmement difficile pour la bonne raison qu’il n’existe pratiquement aucun chant convenant à cet instant. Il n’y a rien de plus vrai. Alors que le répertoire grégorien connaît deux versions d’ « Asperges me » et un « Vidi aquam » pour le temps pascal, le répertoire en français demeure désespérément vide, ou presque, puisqu’on ne trouve qu’un ou deux chants offrant des traductions approximatives, et qui de plus s’inspirent du « Vidi aquam » (J’ai vu l’eau), lequel ne convient qu’au temps pascal.
La balle est donc, depuis longtemps, dans le camp des compositeurs. En attendant, il reste à justifier la marginalisation des pièces grégoriennes…

CE. 132. [d] Lorsqu’on emploie la troisième formule de l’acte pénitentiel, les invocations sont déclamées par l’Evêque lui-même ou par un diacre, ou par un autre ministre apte.

Notes du webmaster : les invocations de la troisième formule sont confiées à l’évêque ou à un diacre et dans les paroisses, en vertu de CE 12, au célébrant. En effet, il s’agit-là d’une prière de médiation entre Dieu et les hommes, ce qui est la mission essentielle du prêtre. Il est donc clair que le « ministre apte » dont il est question doit présenter aux yeux des fidèles une préfiguration du sacerdoce : en conséquence il ne peut être un laïc de l’assemblée, mais au minimum un ministre en vêtement de choeur.
Aucun autre texte de Kyrie n’est permi en dehors de ces trois formules ci-dessus.
Une quatrième formule consiste à utiliser le rituel de l’aspersion avec le chant qui doit l’accompagner. Dans ce cas on récite le « Je confesse à Dieu », mais pas le Kyrie, comme l’indique l’article 34 du Cérémonial de Evêques, ci-dessous.

CE. 134. Après l’acte pénitentiel, on dira le Kyrie, sauf si l’aspersion a été faite ou si la troisième formule de l’acte pénitentiel a été employée, ou s’il est statué d’une autre manière dans les rubriques.

IGMR. 52. Après la préparation pénitentielle, on commence le Kyrie, eleison, à moins que cette invocation n’ait déjà trouvé place dans la préparation pénitentielle. Puisque c’est un chant par lequel les fidèles acclament le Seigneur et implorent sa miséricorde, il est habituellement accompli par tous, le peuple, la chorale ou un chantre y tenant leur partie.

Note du webmaster : s’il n’y a pas d’aspersion, le Missel propose trois formules au choix :
– 1ère formule : récitation du « Confiteor » (Je confesse à Dieu), puis prière du « Kyrie »
– 2ème formule : le célébrant : « Seigneur accorde-nous ton pardon » ; l’assemblée : « Nous avons péché contre Toi » ; le célébrant : « Montre-nous ta miséricorde » ; l’assemblée : « Et nous serons sauvés ». Puis prière du « Kyrie ».
– 3ème formule : le célébrant « Seigneur Jésus, envoyé par le Père pour guérir et sauver les hommes, prends pitié de nous » ; l’assemblée : « Prends pitié de nous » ; le célébrant : « O Christ, venu dans le monde appeler tous les pécheurs, prends pitié de nous » ; l’assemblée : « Prends pitié de nous » ; le célébrant : « Seigneur, élevé dans la gloire du Père, où tu intercèdes pour nous » ; l’assemblée : « Prends pitié de nous ».
Cette formule mêle en une seule prière le rite pénitentiel et le « Kyrie eleison », lequel ne doit alors pas être récité ensuite, comme le précise CE 134.

Chaque acclamation est ordinairement dite deux fois, mais cela n’exclut pas, (…) qu’on puisse la répéter davantage. Quand le Kyrie est chanté comme faisant partie de la préparation pénitentielle, on fait précéder d’un  » trope  » chaque acclamation.

Note du webmaster : la répétition de chaque phrase du Kyrie doit donc être dite au moins deux fois. Le but est de permettre la forme responsoriale, dite encore « antiphonée » , chÏur / assemblée. La triple répétitions de chacune des trois phrases (soit neuf membres) est la seule a être enracinée dans l’Histoire de l’Eglise, elle remonte pratiquement aux origines, notamment en Gaule.
En gardant la triple invocation, on peut recourir à différentes formes :
– trois fois en suivant l’alternance traditionnelle choeur/assemblée : « Kyrie » choeur/assemblée/choeur ; « Christe » assemblée/choeur/assemblée ; « Kyrie » choeur/assemblée/choeur. Cette forme convient particulièrement aux Kyrie grégoriens, si l’assemblée les connaît.
– trois fois l’alternance chantres / chÏur / assemblée. Cette forme permet à l’assemblée d’entendre deux fois la mélodie avant de la chanter. Elle ne convient pas aux Kyrie grégoriens, qui utilisent au moins une variation, par exemple dans la conclusion.
– trois fois l’alternance petit choeur / assemblée / grand choeur. Cette forme, peu fréquente, permet d’achever chaque invocation par une polyphonie plus développée, tout en ayant permi la participation de l’assemblée. Peu d’oeuvres permettent cette forme, qui nécessite souvent un montage astucieux à l’initiative du chef de choeur. Elle permet également le recours à certains Kyrie grégoriens avec une assemblée qui les connaît mal, en lui évitant la variation finale.

Chaque acclamation est composée du texte présenté par le Missel, qui doit rester intact et sans ajout. L’inclusion d’un tropaire bref ne prévoit qu’un seul texte, celui qui est également mentionnée par le Missel comme étant la troisième formule de l’acte pénitentiel.
Les tropaires, ou tropes, sont parfois très anciens : il s’agissait à l’origine d’un moyen pédagogique pour mémoriser les phrases musicales longues, et il furent introduits dans la liturgie, en particulier sur la dernière syllabe des Kyrie (d’où le sobriquet de « Kyrie farci »). Malgré leur inutilité liturgique et l’alourdissement qu’ils induisaient; ils devinrent très à la mode. Saint Pie V les fit supprimer, la réforme de 1964 a voulu en retrouver l’usage.
L’Histoire montre en tout cas que le trope n’est en aucun cas fait pour être lu : il est intimement lié au chant, et doit donc être omis plutôt que d’être récité.