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01-08 Qualités de la musique sacrée

  • CLP 

SC. 112. [a] La tradition musicale de l’Eglise universelle a créé un trésor d’une valeur inestimable qui l’emporte sur les autres arts, du fait surtout que, chant sacré lié aux paroles, il fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle.

(…) la musique sacrée sera d’autant plus sainte qu’elle sera en connexion étroite avec l’action liturgique, en donnant à la prière une expression plus suave, en favorisant l’unanimité ou en rendant les rites sacrés plus solennels. (…)

TLS. II,5. (…) Néammoins, par suite de l’usage profane auquel la musique moderne est principalement destinée, il y aurait lieu de veiller avec grand soin sur les compositions musicales de style moderne ; l’on n’admettra dans l’église que celles qui ne contiennent rien de profane, ne renferment aucune réminiscence de motifs usités au théâtre, et ne reproduisent pas, même dans leurs formes extérieures, l’allure des morceaux profanes.

TLS. II,6. Parmi les divers genres de musique moderne, il en est un qui semble moins propre à accompagner les fonctions du culte : c’est le style théâtral (…). Par sa nature même, il présente une opposition complète avec le chant grégorien, la polyphonie classique, [et donc] avec la règle capitale de toute bonne musique sacrée. (…).

Note du webmaster : ce qui paraissait moderne il y a 100 ans semble aujourd’hui classique, ce qui est le cas de la musique théâtrale, c’est-à-dire de la musique lyrique. Si l’on applique TLS actuellement, il faut alors mettre dans le même sac musique lyrique et… musique de variété. Du point de vue catholique, cela se tient parfaitement dans la mesure où aucune de ces deux catégories ne s’accordent, par leur principe, à la musique sacrée qui exprime la prière. Trop souvent l’on utilise des enregistrements de musique lyrique dans les cérémonies privées (mariages ou obsèques) en pensant que la musique lyrique appartient à la musique classique et qu’en conséquence elle convient dans le cadre d’une église. On oublie que la musique lyrique se classe dans la musique profane, qu’elle n’exprime jamais la foi catholique ni aucune sorte de sainteté.
Partant de là, il devient inutile de faire de commentaires sur ce qu’est la « musique moderne » selon les vues actuelles.

On en dira autant de toutes les sortes de musiques inspirées de la marche, rythme qui convient pour dynamiser les pélerins sur la route, mais ne convient absolument pas à l’expression propre de la liturgie. A plus forte raison lorsque ce genre de chant appelle plus l’accompagnement des tambours et des cymbales que celui de l’orgue.

SC. 119. Puisque dans certaines régions, surtout en pays de mission, on trouve des peuples possédant une tradition musicale propre qui tient une grande place dans leur vie religieuse et sociale, on accordera à cette musique l’estime qui lui est due et la place convenable, aussi bien en formant leur sens religieux qu’en adaptant le culte (…).

(…)

Note du webmaster : cet article de Sacrosanctum Concilium concerne sans équivoque possible les pays de mission, dont la culture n’est pas de type européen. Pourtant, on a vu en France des pasteurs qui ont cru bon d’estimer que la musique rock ou de variété était devenue une « tradition musicale propre », et ont « adapté le culte ». Comme ces musiques ne peuvent exprimer de caractéristiques religieuses, il ne fut jamais exigé d’elles ce que DMS 7 exige même de la musique sacrée moderne. Cet abus compte, dans le domaine musical, parmi les pires qu’ait eu à vivre l’Eglise du XXe siècle.

TLS. I,2. La musique sacrée doit posséder au plus haut point les qualités propres à la liturgie : la sainteté, l’excellence des formes d’ou naît spontanément son autre caractère : l’universalité.
Elle doit être sainte, et par suite exclure tout ce qui la rend profane, non seulement en elle-même, mais encore dans la façon dont les exécutants la présentent. (…)
Mais elle doit aussi être universelle, en ce sens que s’il est permis à chaque nation d’adopter dans les compositions ecclésiastiques les formes particulières qui constituent d’une certaine façon le caractère propre de sa musique, ces formes seront néanmoins subordonnées aux caractères généraux de la musique sacrée, de manière à ce que personne d’une autre nation ne puisse, à leur audition, éprouver une impression fâcheuse.

Note du webmaster : comme on le voit, la reconnaissance de ce que le Concile de Vatican II a appelé « le génie des peuples » était déjà d’actualité du temps de Pie X, soit un demi-siècle avant la réforme et l’article 119 de SC, reproduit plus haut… Mais ce qui importe, c’est qu’aujourd’hui l’Eglise maintient toujours ce qui est écrit ci-dessus, à savoir que les « formes nouvelles doivent sortir des formes anciennes ». L’un des rares exemples de réussite que l’on puisse mentionner est celui du répertoire de l’Abbaye bénédictine de Keur Moussa, au Sénégal, usant de rythmes sénégalais, ayant même suscité la création d’un instrument local totalement nouveau (la kora), mais restant basé sur les modes grégoriens. Répertoire qui fut mis au point par un bénédictin missionnaire de l’Abbaye de Solesmes. Comme quoi la « réussite » pastorale commence par une sage et intelligente obéissance au magistère…