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01-07 Hiérarchie dans la musique sacrée

  • CLP 

SC. 112. [b] Le saint Concile, conservant donc les normes et les préceptes de la tradition et de la discipline ecclésiastique, et considérant le but de la musique sacrée, qui est la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles, a statué ce qui suit :

Le chant grégorien

SC. 116. L’Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place.

Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins, pourvu qu’ils s’accordent avec l’esprit de l’action liturgique, conformément à l’article 30.

DMS. 5. [a] Le chant «grégorien» utilisé dans les cérémonies liturgiques est le chant sacré de l’Eglise romaine qui (…) est recueilli dans les livres approuvés par le Saint-Siège, pour être utilisé dans la liturgie. (…).

Note du webmaster : ce qui est dit ici, bien que datant de 1958, ne peut en aucun cas être relégué au rang d’antiquité. Il suffit de lire SC 116 (du Concile Vatican II, 1963), ci-dessus, pour s’en convaincre.

DMS. 5. [b] La nature du chant grégorien n’exige pas qu’il soit accompagné par l’orgue ou un autre instrument de musique.

La polyphonie sacrée

DMS. 6. Par «polyphonie sacrée» on entend le chant mesuré à plusieurs voix, et sans accompagnement d’instrument musical, qui, né des chÏurs grégoriens, a commencé à être employé dans l’Eglise latine au moyen-âge. Son plus grand auteur fut, dans la seconde moitié du XVIe siècle, Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594), et il est encore cultivé par des maîtres remarquables de cet art.

Note du webmaster : s’il est bien un fait rare dans un texte aussi important qu’une instruction, c’est de voir un personnage honoré de telle manière. Comme la seule catégorie de musique supérieure à la Polyphonie Sacrée est le chant grégorien (voir SC 116), on peut donc dire que pour l’ensemble de la polyphonie G.-P. da Palestrina est pour l’instant le plus grand compositeur de musique d’Eglise de tous les temps. Or il n’est pas, et de loin, le compositeur le plus chanté, même là où les compétences musicales le permettent.

DMS. 26. (…). Chacun sait que les nombreux chants polyphoniques, composés surtout au XVIe siècle, brillent par une telle pureté d’art et une telle richesse musicale qu’ils doivent être considérés comme dignes en tous points d’accompagner et pour ainsi dire de rehausser les rites sacrés de l’Eglise. (…).

DMS. 17. La polyphonie sacrée peut intervenir dans toutes les actions liturgiques, à cette condition toutefois qu’il y ait une schola qui puisse chanter selon les règles de l’art. Ce genre de musique sacrée convient mieux aux actions liturgiques revêtant une plus grande solennité.

La musique sacrée moderne

DMS. 7. La «musique sacrée moderne» est la musique à plusieurs voix, n’excluant pas les instruments de musique, créée récemment en tenant compte des progrès de l’art de la musique. Etant directement destinée à un usage liturgique, il faut qu’on sente en elle la piété et le sens religieux, et c’est à cette condition qu’elle est acceptée dans la liturgie.

Note du webmaster : qu’on ne se trompe pas sur l’utilisation du mot « moderne ». Il ne s’agit pas des musiques composées aujourd’hui, mais depuis l’époque que les historiens qualifient de « moderne ». Enfin, et surtout, il faut considérer avec attention les conditions énoncées dans la deuxième partie de cet article : la musique sacrée, quelle que soit son époque, doit entraîner à la prière et non à simple échauffement de l’ambiance…

DMS. 18. La musique sacrée moderne peut également être admise dans toutes les actions liturgiques si elle répond vraiment à la dignité, à la gravité et à la sainteté de la liturgie, et qu’il y ait une schola qui puisse exécuter cette musique avec art.

TLS. II,5. (…) Néammoins, par suite de l’usage profane auquel la musique moderne est principalement destinée, il y aurait lieu de veiller avec grand soin sur les compositions musicales de style moderne ; l’on n’admettra dans l’église que celles qui ne contiennent rien de profane, ne renferment aucune réminiscence de motifs usités au théâtre, et ne reproduisent pas, même dans leurs formes extérieures, l’allure des morceaux profanes.

TLS. II,6. Parmi les divers genres de musique moderne, il en est un qui semble moins propre à accompagner les fonctions du culte : c’est le style théâtral (…). Par sa nature même, il présente une opposition complète avec le chant grégorien, la ployphonie classique, [et donc] avec la règle capitale de toute bonne musique sacrée. (…).

Note du webmaster : ce qui parassait moderne il y a 100 ans semble aujourd’hui classique, ce qui est le cas de la musique théâtrale, c’est-à-dire de la musique lyrique. Si l’on applique le motu proprio Tra le solecitudini actuellement, il faut alors mettre dans le même sac musique lyrique et… musique de variété. Du point de vue catholique, cela se tient parfaitement dans la mesure où aucune de ces deux catégories ne s’accordent, par leur principe, à la musique sacrée qui exprime la prière. Trop souvent l’on utilise des enregistrements de musique lyrique dans les cérémonies privées (mariages ou obsèques) en pensant que la musique lyrique appartient à la musique classique et qu’en conséquence elle convient à l’intérieur d’une église. On oublie que la musique lyrique se classe dans la musique profane, qu’elle n’exprime jamais la foi catholique ni aucun sorte de sainteté.
Partant de là, il devient inutile de faire de commentaires sur ce qu’est la « musique moderne » selon les vues actuelles.

La musique sacrée pour orgue

DMS. 8. La «musique sacrée pour orgue» est la musique composée uniquement pour l’orgue qui, depuis l’époque où l’orgue à tuyaux est devenu un instrument de musique adapté, fut abondamment cultivée par d’illustres maîtres, et qui, si l’on observe fidèlement les lois de la musique sacrée, peut grandement contribuer à rehausser la sainte liturgie.

Le chant religieux populaire

DMS. 9. Le «chant populaire religieux» est le chant né spontanément du sens religieux dont a été doté l’homme par son Créateur même et qui, par conséquent, est universel et fleurit parmi tous les peuples.

Ce chant étant particulièrement propre à imprégner d’esprit chrétien la vie privée et sociale des fidèles, il fut très en honneur dans l’Eglise depuis les temps anciens, et il est hautement recommandé également à notre époque pour réchauffer la piété des fidèles et rehausser les pieux exercices, ainsi que les actions liturgiques elles-mêmes, chaque fois qu’il peut y être admis.

Le chant religieux populaire, c’est à dire les cantiques connus, sont donc recommandés pour les pieux exercices c’est-à-dire les adorations du Saint-Sacrement, les processions, chapelets, chemin de croix, veillées, etc. On peut aussi les admettre durant la messe ou la liturgie des heures, mais à la condition qu’il ne prenne pas les places où la liturgie prévoit autre chose, ce qui est somme toute assez limitatif.

SC. 118. Le chant religieux populaire sera intelligemment favorisé, pour que (…) conformément aux normes (…), les voix des fidèles puissent se faire entendre.

DMS. 53. Il est recommandé à tous ceux qui peuvent s’intéresser à cette question de recueillir les chants populaires religieux, même anciens, qui ont été transmis par écrit ou de vive voix, et de les éditer pour l’usage des fidèles, avec l’approbation des Ordinaires des lieux [c.à.d. les Evêques].

La musique religieuse

DMS. 9. La «musique religieuse», enfin, est celle qui, tant par l’intention de l’auteur que par le sujet et la fin de l’Ïuvre, vise à exprimer et à susciter des sentiments pieux et religieux, et par conséquent «aide grandement la religion» ; comme elle n’est pas ordonnée au culte divin et qu’elle revêt un caractère plus libre, elle n’est pas admise dans les actions liturgiques.

Note du webmaster : comme on le voit, la musique qui est seulement à thème religieux ne peut, en aucun cas, être insérée dans la messe ou la liturgie des heures. A plus forte raison il est donc impossible d’admettre une quelconque musique profane, fut-elle de type classique.

La musique traditionnelle des peuples

SC. 119. Puisque dans certaines régions, surtout en pays de mission, on trouve des peuples possédant une tradition musicale propre qui tient une grande place dans leur vie religieuse et sociale, on accordera à cette musique l’estime qui lui est due et la place convenable, aussi bien en formant leur sens religieux qu’en adaptant le culte (…).

Note du webmaster : cet article de Sacrosanctum Concilium concerne sans équivoque possible les pays de mission, dont la culture n’est pas de type européen. Pourtant, on a vu en France des pasteurs qui ont cru bon d’estimer que la musique rock ou de variété était devenue une « tradition musicale propre », et ont « adapté le culte ». Comme ces musiques ne peuvent exprimer de caractéristiques religieuses, il ne fut jamais exigé d’elles ce que DMS 7 exige même de la musique sacrée moderne. Cet abus compte, dans le domaine musical, parmi les pires qu’ait eu à vivre l’Eglise du XXe siècle.

Note à propos de la musique profane

Note du webmaster : ce que l’on comprend des textes ci-dessus, c’est que la musique profane ne peut pas être acceptée dans le cadre de la liturgie. Elle ne peut pas non plus l’être hors de la liturgie, c’est-à-dire lors des concerts, mais c’est un autre sujet.
On ne peut pas non plus accepter de chants dont la musique est d’origine profane et sur laquelle on a adapté des paroles religieuses. Ici se pose une sérieuse difficulté puisque ce genre d’adaptation a existé pendant très longtemps, l’exemple le plus répandu – bien qu’ignoré en tant que tel – est le cantique de Noël « Il est né le divin Enfant », texte appliqué sur une sonnerie de chasse intitulée « La tête bizarde ».
On peut en quelque sorte pardonner cette incartade en raison de l’aspect festif dont les jeunes fidèles ont besoin lors de la Noël, mais peut-on accepter que, pour l’Epiphanie, l’ont chante « De bon matin j’ai rencontré le train de trois Rois-Mages », alors qu’il s’agit d’un extrait tapageur de « L’Arlésienne » de Bizet ?
On en dira autant, car cela ne vaut guère mieux, de la comptine pour enfants « Dans la ferme à Mathurin (…) y’a des centaines de canards », sur laquelle Raymond Fau a accolé tant bien que mal les paroles du Notre-Père, qu’il a diffusée sous le titre de « Notre-Père du Burkina-Faso » (!), et que nombre de paroisses ont adoptée en… signe d’unité avec nos frères d’Afrique ! Un tour de passe-passe invraisemblable qui ne serait jamais arrivé si Raymond Fau avait reçu l’enseignement de l’Eglise exprimée en SC. 116 et SC. 30 (du Concile Vatican II).