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compositeurs – R.P. Berchten, ofm

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Né à Bâle en 1888, Walter Berchten fit preuve d’un caractère opiniâtre : il se levait à 5h30 en semaine pour aller servir la messe avant d’aller à l’école. Il fit sa profession monastique au monastère franciscain de San-Remo en 1916, prenant le nom de Frère Séraphin (ci-dessous, à gauche).

En 1927 il fut envoyé à l’Institut Ponfitical de Musique Sacrée, où il eut des professeurs tels que Mgr Licino Refice, ou Mgr Raffaele Casimiri alors Maître de la Chapelle Sixtine.

En 1933, à Bordeaux, il crée un chœur d’adulte ainsi que les Petits Chanteurs Antoniens à la paroisse franciscaine de Notre-Dame-des-Anges.

Sa nationalité suisse l’oblige à quitter la France pendant la seconde guerre mondiale. Il est alors nommé Délégué Général des Franciscains suisses. Il ne put revenir à Bordeaux qu’en 1947. Il constate alors que l’ambiance du couvent a changé. Une idéologie de réforme radicale, contre tout ce qui était hérité des siècles, est cultivée avec virulence. Mais il  ne baisse pas les bras et la même année il emmène ses petits chanteurs au Congrés de Cologne.

En 1948 il n’est plus vicaire. Le déclin du couvent franciscain de Notre-Dame-des-Anges est entamé (vingt ans plus tard il n’en restera plus rien !).

Mais les Petits Chanteurs Antoniens ne perdent rien de leur dynamisme et de leur notoriété.  Ils participent au premier congrés international de la Fédération des Petits Chanteurs à Rome, qui rassembla 3000 membres. A la fin de la messe, le pape Pie XII (qu’on distingue ci-dessus, contre le pilier), impressionné, rompit avec le protocole et vint se mêler aux petits chanteurs pour savoir comment on peut diriger un chœur aussi nombreux. Encore de nos jours, certains anciens gardent un souvenir extraordinaire de ce moment.

A partir de cette époque les Petits Chanteurs Antoniens vont de succès en succès. Ils enchaînent les tournées, la plupart du temps à l’étranger. Ils se font remarquer en participant, au Grand-Théâtre de Bordeaux, quatre fois à « Parsifal » de Wagner et deux fois à « Jeanne au bûcher » d’Honegger.

Le Père Berchten est un des piliers de la Fédération Française des Petits Chanteurs, et à ce titre organise des congrès régionaux à Bordeaux. En 1953 ils sont plus de 500 à l’église Notre-Dame de Bordeaux. Au congrès suivant, en 1957, ils sont 700 dans le chœur de la cathédrale de Bordeaux.

Les Petits Chanteurs Antoniens sont dans leur âge d’or. Des compositeurs tels que Palestrina, M.-R. de Lalande, du Caurroy, Vittoria, de Lassus et van Berchem leurs sont familiers. Mais ils participent aussi à des événements tels que le départ des Terres-Neuvas aux bassins à flot de Bordeaux-Nord.

Le Père Berchten fait désormais autorité en France et à l’étranger, tandis que son couvent cherche à le marginaliser. En 1957 il n’y est plus rattaché, mais continue à diriger la chorale paroissiale et les petits chanteurs. En 1960 il est contraint, cette fois, de quitter sa communauté. Il est logé dans un petit appartement, pourvu cependant d’un jardin dans lequel il fait construire une salle de répétition en préfabriqué. Tout près de là, les petits chanteurs posent dans la Chapelle des Franciscaines missionnaires de Marie (détruite une dizaine d’années plus tard !), pour une série de cartes postales qui furent bien connues des bordelais.

Mgr Richaud, archevêque de Bordeaux, propose au Père Berchten le poste de Maître de Chapelle de la Cathédrale. Il refuse, et rattache ses petits chanteurs à l’église Notre-Dame, en plein centre ville. Mgr Richaud réitère sa proposition en 1964, et le Père Berchten accepte. La notoriété des Petits Chanteurs Antoniens est telle que c’est eux qui « absorbent » la Maîtrise de la Cathédrale de Bordeaux, et non l’inverse !

 

En 1967 il se lance dans se lance dans la publication trimestrielle des « Feuilles documentaires de Musique Sacrée » afin de lutter contre les interprétations erronées des décisions conciliaires et il se fait l’ardent défenseur de la vraie musique sacrée. Ces bulletins furent appréciées jusqu’en-dehors de nos frontières.

En 1969 la Nonciature le proposa au poste de Directeur de l’Institut Pontifical de Musique Sacrée.

Mais le Père Berchten refusa, sans doute conscient qu’une fois parti, ses petits chanteurs et son chœur d’adultes seraient dispersés.

Le 11 novembre 1971, lors d’une messe avec orchestre, ce dernier couvrit les chœurs par sa puissance, et le Père Berchten s’emporta… pris de malaise, il dut s’allonger à la sacristie, victime d’un infarctus. Il mourut le 25 novembre, âgé de 74 ans.

Il laisse un répertoire de près de 80 pièces, l’une des plus emblématique de son œuvre étant cet Ave Maria à 3 voix SAT (dir. Alain Cassagnau) :

Ave Maria – Berchten