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A propos de l’auteur

Bienvenue sur mon site consacrée au chant liturgique en paroisse, qui est le fruit d’une expérience sur le long terme.

Ce site n’est pas consacré au chant liturgique selon les musicologues, les concertistes et les amateurs de pièces prestigieuses : il est voué à la pratique du chant dans la liturgie de l’Eglise Catholique Romaine. Il ne cède pas non plus aux modes qui suivent l’esprit du monde, mais veut promouvoir ce que l’Eglise considère elle-même comme son trésor musical propre, délaissant les méandres des styles qui se font et se défont au fil des décennies contemporaines, pour préférer la force de la cohérence de l’Eglise à travers les siècles.

En effet, si la liturgie a subi des soubresauts avant et après le Concile Vatican II, la volonté de ce même Concile a toujours été de conserver intact l’héritage des siècles, malgré tout ce qu’on lui à fait dire, et qu’on lui fait encore dire de nos jours. C’est dans cet esprit que j’ai toujours pratiqué cet art sacré, et dans lequel également je tiens ce site.

Je fais part ici de mon expérience, qui est une « tranche d’histoire » contemporaine de l’Eglise, et si le récit peut apparaître un peu long, il faut aussi comprendre que la période concernée ne fut pas de tout repos pour les musiciens d’église. Il y a donc « de la matière », comme on dit chez les rédacteurs…

Les temps heureux, de la splendeur à la sobriété

J’ai découvert la richesse de la liturgie en tant que petit chanteur de la cathédrale de Bordeaux. Sous la direction du R.P. Séraphin Berchten (ofm), Maître de chapelle dont le savoir-faire fut reconnu jusqu’au Vatican. Malgré un contexte de très vives tensions (voir ici), la cathédrale de Bordeaux resta, pendant vingt ans, le dernier lieu de toute l’agglomération où l’on put assister à une liturgie splendide.

Il ne s’agissait pas d’une résistance contre la réforme entraînée par le Concile, mais d’une résistance contre les abus, parfois invraisemblables, qu’une lecture tronquée et militante avait entraînés. Cette résistance consistait tout simplement à appliquer les directives du Concile telles qu’elles étaient écrites, et non pas telles que la plupart du clergé français (et pas seulement) voulait l’interpréter, c’est-à-dire : éradication du latin, du chant grégorien, de toutes les compositions antérieures aux années 1960, de toute forme de beauté dans la liturgie, de l’habit ecclésiastique… quant à la présence réelle du Christ au tabernacle, il fallait y voir guère plus qu’un symbole. La résistance à cet effondrement dura jusqu’au début des années 90, époque où elle finit par céder sous la pression.

Au bout de près de vingt ans d’engagement comme chanteur (et « grand clerc » pendant la mue vocale), « j’avais fait le tour » comme on dit familièrement. La vie liturgique d’une cathédrale liturgiquement digne de ce nom était devenue une routine, et qui plus est elle était minée, comme je l’ai dit. Ainsi, peu avant 1990, un prêtre nouvellement affecté à minuscule église en périphérie de la ville, où il fallait tout reconstruire, me lança « Ah, si j’avais quelqu’un comme toi pour m’aider… ». Une nouvelle mission ? De l’aventure ? Repartir de rien ? Voilà qui était intéressant !

Je le suivis, et comme on dit : je ne fus pas déçu ! J’eus la charge de former une petite troupe d’enfants de chœur et chaque dimanche je cumulais les fonctions de cérémoniaire, animateur des chants, psalmiste et thuriféraire ! Chaque dimanche matin, durant les trente minute de bus qui m’amenaient à la chapelle, j’écrivais le verset d’alleluia et un refrain pour le psaume, afin de nous épargner les musiquettes  d’une célèbre publication…

Le temps des aspérités ecclésiales !

En 1994 je me retrouvais, dans le centre de la France, en charge d’enfants de chœur que je fis passer de 3 à 12 en une année ! Après une année de propédeutique et un 1er Cycle de Philosophie à Ars, je me suis retrouvé avec des responsabilités de type « coopérateur paroissial » à plein temps, logé en presbytère. Une année dans une paroisse, une autre année dans un autre diocèse… Mes pérégrination touchaient à leur fin et je repris alors un travail sur les rubriques liturgique déjà entamé et j’en fis un premier site internet en 1999.

Le contexte ecclésial était encore très tendu : contestation de la hiérarchie de l’Eglise, nivellement par le bas tant au catéchisme que dans le cadre liturgique… Les combats se radicalisaient car les jeunes générations se libéraient de ces combats d’arrière garde, et le résultat était déjà pressenti.

Le retour au Beau liturgique

En 2000 je rentrais à Bordeux, ma ville natale. Pendant huit ans, par obéissance, j’avais cessé toute pratique de mes répertoires musicaux favoris ! Huit ans, c’est long ! Cela avait bien assez duré : j’y mis un terme. Je me mis en recherche de grégorianistes. Je retrouvais le dernier chœur grégorien bordelais, les « Clercs de Saint Benoît », eux-même devenus itinérants pendant 40 ans faute de lieux, mais qui avait fini par trouver place dans le cadre d’une « messe traditionnelle » placée sous l’autorité de l’archevêque de Bordeaux.

J’intégrais donc ce chœur grégorien, et quelques semaines plus tard on me demanda de monter une chorale polyphonique, qui atteint rapidement ses objectifs de qualité.

En 2005, précédant de deux années le motu proprio Summorum pontificum, Mgr Ricard ouvrit les portes de l’église St-Bruno de Bordeaux à ce qui prit plus tard le nom de « forme extraordinaire du rite romain ». Avec une dizaine de choristes je montais une nouvelle chorale polyphonique, et en trois ans notre répertoire polyphonique atteint près de 80 pièces. Côté grégorien nous assurions seulement l’ordinaire, mais en 2009, je montais un chœur grégorien et peu de temps après je m’y consacrais entièrement.

Le temps de la production

En 2016, en point final de mon travail sur les rubriques entamé au début des années 90, j’ai publié, aux éditions Dominique Martin Morin (Poitiers), « Servir la Messe », préfacé par Mgr Marc Aillet, livre pédagogique extrêmement complet et illustré par de très nombreuses photos réalisées spécialement avec le concours de prêtres et d’enfants de chœur : page de l’éditeur.

En avril 2018 je participai, au sein d’une délégation d’Una Voce, au colloque international sur Dom Cardine à l’Abbaye de Solesmes, qui réunit une cinquantaine de participants. La confrontations avec différentes écoles grégorianistes fut extrêmement instructive.

Je m’en trouvais conforté dans une ancienne recherche personnelle d’un chant grégorien plus dynamique, plus médiéval, mais qui reste toutefois parfaitement compatible avec une interprétation selon la méthode dite « de Solesmes ». J’ai aussitôt commencé à expérimenter une forme d’accompagnement – dit « fondamental » faute de mieux – du chant grégorien, qui fut expérimenté pendant trois ans à l’église Saint-Bruno de Bordeaux  : page de présentation.

Durant toutes ces longues années je n’aurai cessé d’agir en suivant la monition de saint Thomas d’Aquin, dont je me suis fait une devise : « Quantum potes, tantum aude ! » (ce que tu peux, ose-le !).

Alain Cassagnau

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