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Le Chant grégorien – pour une saine application

Faire renaître le chant grégorien dans les paroisses présente de nombreuses difficultés. Le défi est très clair : il faut tout reconstruire !

  • les catholiques opposés au chant grégorien sont encore nombreux : la génération qui a exigé le français à la place du latin, bien que devenue minoritaire, est capable de bloquer le jeune clergé par un militantisme qui part même à l’assaut de certains évêques ; les générations qui préfèrent le style « communauté nouvelle » font de leur répertoire musical un absolu non négociable, ce qui est une autre sorte de facteur de blocage. Actuellement le seul espoir réside dans la perméabilité grandissante entre les communautés diocésaines et traditionalistes, notamment chez les jeunes générations, qui ne s’intéressent absolument pas aux combats périmés de leur aînés. Et tant mieux !
  • le vide culturel, en matière de savoir musical, a duré tellement longtemps qu’aujourd’hui même les formateurs sont devenus une espèce en voie de disparition. On croit pouvoir les remplacer par des « coach » venus de conservatoires ou du milieu des chercheurs : leur savoir-faire est parfois incompatible avec la liturgique dominicale, quant au savoir-faire propre à l’Eglise Catholique, ils ne le connaissent que par les livres d’Histoire, sans expérience à l’appui, et enfouissent l’enseigne de l’Eglise sur les questions musicale sous le poids de la formation quasi-dogmatique dispensée dans les Conservatoires.
  • les organistes ne savent quasiment plus accompagner le chant grégorien. Les portées grégoriennes ne sont pas mesurées, et beaucoup en perdent leurs repères. Au point que des organistes remarquables peuvent devenir quasiment incapables d’harmoniser à l’oreille le chant grégorien. Certains se piquent même d’innover de nouvelles harmonisations, ou d’assumer une nouvelle lecture des signes rythmiques surgie de nulle part. Ce serait comique si ce n’était affreux… Pratiquement aucun ne sait lire la notation grégorienne, et encore plus rares sont ceux qui savent la transposer et l’accompagner en respectant la modalité.

Conclusion : on comprend bien que, dans ces conditions, la renaissance du chant grégorien dans la liturgique de l’Eglise Catholique Romaine présente des difficultés qui semblent insurmontables. Il est donc urgentissime que l’Eglise, dans ses diocèses, se dote à nouveau de la compétence de l’enseignement du chant grégorien. On en dira autant de la polyphonie sacrée.